La consommation d’alcool au Cambodge est préoccupante

Kun Thea, 17 ans, a commencé à boire à l'âge de 14 ans lors d'une fête de famille. Depuis, elle consomme régulièrement de l’alcool. C’est le cas pour des milliers d'autres jeunes.
Kun Thea a souvent ressenti des maux de tête après avoir bu, mais continue de consommer, trouvant ça normal de boire lors des réunions de famille. 

 

Des Statistiques Alarmantes

Un rapport de la World Population Review publié en février révèle que le Cambodge est le troisième pays d'Asie du Sud-Est en termes de consommation d'alcool chez les femmes. Environ 2,3 milliards de dollars sont dépensés chaque année en alcool, principalement en bière. 

Selon une étude de la société japonaise Kirin Holding, la consommation moyenne de bière par personne a atteint 72 litres en 2022, soit une augmentation de 27,1 % par rapport à 2021.

 

Conséquences pour la santé

Selon l'OMS, un Cambodgien sur quatre meurt prématurément avant l'âge de 70 ans, les maladies cardiovasculaires représentant 24 % des décès. La consommation annuelle d'alcool pur par personne chez les 15 ans et plus est passée de 4,91 litres en 2010 à 6,64 litres en 2018.

Sreyleak, 18 ans, boit de l’alcool quotidiennement, principalement de la bière. Elle a commencé à consommer à l’âge de 13 ans. Aujourd'hui, elle souffre de problèmes d'estomac et de pertes de mémoire à cause de sa consommation excessive.

 

Un appel à agir

Quach Mengly, éducateur et médecin, qualifie cette tendance de "plus que préoccupante". Il souligne que l'alcool est devenu une boisson incontournable en toute occasion, ce qui entraîne l'inactivité, la prise de poids et la stéatose hépatique.

« Mes patients, souvent dans la trentaine, montrent déjà des signes de cirrhose », déclare-t-il. « Le nombre d'adolescentes et de femmes qui boivent de l'alcool est également en hausse, ce qui est très inquiétant ».

Mengly compare l'alcool à la cigarette et aux drogues, soulignant que sa consommation pourrait être encore plus préoccupante en raison de sa large accessibilité. Il appelle à des mesures strictes contre la publicité excessive et la vente d'alcool aux mineurs.

 

Les mesures législatives 

Bien que le Cambodge ait publié un projet de loi en 2015 pour contrôler la consommation d’alcool, sa mise en œuvre reste incomplète. Le projet de loi interdit la vente d’alcool aux moins de 21 ans, aux femmes enceintes et aux personnes en état d'ébriété, et impose des restrictions sur les horaires et les lieux de vente. 

Toutefois, le contrôle de ces mesures est parfois compliqué et par conséquent, elles ne sont pas respectées.

 

Incidents et réactions publiques

En janvier, une controverse a éclaté lors d'un tournoi de Kun-Khmer où des jeunes ont été invités à boire de la bière sur le ring, suscitant une vague de critiques sur les réseaux sociaux.

 

Des vies affectées

Veng Chanly, une veuve de 62 ans, est une autre victime de l'alcoolisme. Ayant commencé à boire avant son mariage, elle est devenue dépendante. Sa fille, Leap Chantha, a dû arrêter l’école à 13 ans pour des raisons financières. 

Son père est mort d'une gastrite suite à la surconsommation d'alcool lorsqu'elle avait 16 ans. Chantha essaye de pousser sa mère à arrêter de boire en raison du traumatisme que son père leur a laissé.

 

 

Conséquences sociales et mesures du Gouvernement

Le ministère de la Santé signale que l'alcool est également à l'origine de la violence domestique, de la criminalité et des accidents de la route. La police de Phnom Penh a intensifié les contrôles d'alcoolémie pour lutter contre les accidents causés par l'alcool.

Le 29 avril, une unité spécialisée a été créée pour gérer la publicité pour l'alcool et maintenir l'ordre public, marquant un pas en avant dans la lutte contre l'alcoolisme au Cambodge.

La consommation d'alcool au Cambodge est une préoccupation majeure qui nécessite des actions concertées des autorités, des communautés et des individus pour inverser cette tendance et protéger la santé et le bien-être de la population, en particulier les jeunes.